Reprenez le contrôle grâce au carton !

Carton box

Attention, il va probablement falloir revoir votre catalogue d’insultes, car dire quelque chose du genre « espèce de connard, tu n’es qu’un mec en carton ! » vous sera sémantiquement interprété comme un non-sens. En effet, comme vous le constaterez, le carton est bien loin d’être un matériel de mauvaise qualité comme on le pense souvent !

L’avantage notable qu’on lui trouve, c’est qu’en plus que d’avoir un prix bas (gratuit ?), celui-ci est très solide, et facile à travailler. Ainsi, à part de temps et d’un peu d’argent pour acheter les outils de base, nous n’avons besoin de rien pour commencer à faire des réalisations pouvant se montrer vraiment utilisables et avec un esthétisme correct.

J’ai découvert cette technique de conception de meubles, il y a déjà un bon moment, mais je ne m’étais encore jamais résolu à passer à la pratique. C’est en effet que récemment, dans le cadre de fabrication d’une lampe, que j’ai fait le choix de m’y attarder. Étant totalement novice dans le sujet, j’ai décidé de faire avant un projet d’apprentissage. Non pas que celui-ci est moins important, il est simplement plus facile : il s’agit de mettre en place une barre de crédence dans ma cuisine, avec un support en carton.

J’ai eu beaucoup de difficultés à trouver par où commencer lors de mes recherches. C’est pour cette raison que j’ai pensé être une bonne idée d’expliquer mon périple ici. De cette façon, d’autres novices auront déjà une base concrète sur laquelle s’inspirer pour entreprendre leurs propres projets.

Le but du carton… Enfin, des meubles en carton, est de pouvoir faire n’importe quoi sur mesure. Je ne vais donc pas vous apprendre à faire exactement le même meuble que moi, ça n’aurait aucun intérêt. Aussi, ma façon de faire n’est très certainement pas la meilleure : n’oubliez pas que je suis un débutant probablement à peine plus avancé que vous, donc n’hésitez pas à me communiquer vos techniques si vous les estimez plus efficaces !

Bref, assez parlé, il est temps de s’amuser !

Matériel nécessaire

Cette liste comporte tout dont j’avais besoin pour mon socle de barre de crédence. Je pense que c’est représentatif pour n’importe quelle création en carton basique. 😉

Liste du matériel

De gauche à droite, nous avons :

  • Un rapporteur : en fait, c’était plutôt d’une équerre dont j’avais besoin, car le but était de pouvoir couper des bouts de cartons avec des angles droits. Mais ça fera aussi bien l’affaire.
  • Du papier à poncer, et un support pour une bonne prise de main. C’est pratique pour bien lisser les bords de notre création et donc supprimer les erreurs de précisions dans la découpe qui laissait ressortir des côtés.
  • Du kraft gommé, pour cacher les cannelures apparentes au niveau des coupes et pour solidifier les angles.
  • Des serre-joints pour maintenir les pièces ensemble pendant le collage. Attention, les miens sont assez nuls : des pinces m’ont l’air plus utilisables pour nous puisqu’elles se manient à une seule main. Évidemment, il faut trouver le bon compromis avec la taille maximale admissible.
  • Une éponge qui nous permettra d’humidifier le papier kraft avant le collage.
  • De la peinture acrylique, pour un minimum de décoration.
  • De la colle vinylique.
  • Du vernis vitrificateur, pour rendre le carton imperméable et donc résistant à l’eau.
  • Un pinceau, pour appliquer la peinture, le vernis et la colle.
  • Un mètre… Pour prendre des mesures.
  • Un cutter, pour couper le carton.
  • Un stylo, pour faire des tracés sur le carton, avant la découpe.
  • Une longue règle en métal d’un mètre dans mon cas, pour nous permettre de couper droit avec le cutter.
  • Une règle plus petite (30cm), pour la même utilisation que la précédente, mais sans avoir à devoir manipuler un objet trop important (non présent sur la photo).
  • Le tout est posé sur un tapis de découpe, indispensable pour éviter de littéralement détruire la table sur laquelle vous travaillez. ^^”
  • Une paire de ciseaux, pour couper grossièrement le carton, et le kraft.

Et c’est tout ! Comptez environ 80€ pour l’achat de ce matériel, qui vous permettra de faire bien plus qu’un seul meuble. 😉

La découpe du carton

Comme vous vous en doutez fort bien, la première étape consiste à transformer ça :

Carton entier

En ça :

Carton coupé

Pour commencer, il faut isoler le côté sur lequel on travaillera en le posant à plat, comme cela :

Carton à plat

Il n’y a pas de difficulté dans cette étape, il suffit d’un bon coup de ciseaux ! Ensuite, je vous conseille de ne pas répéter mon erreur, c’est-à-dire de commencer directement par « nettoyer » le carton en enlevant tout de suite les autocollants. De cette façon, en plus d’être plus rapide, vous pourrez tracer les marques de pliage (si vous en avez) au même moment que ceux de coupage, et ne pas devoir les refaire après-coup. Il me semble également bon de poncer ces surfaces afin de supprimer les derniers résidus de plastique ou de colle et de lisser pour rendre tout ça invisible si l’on venait à peindre par dessus.

Nous pouvons à présent prendre notre règle et notre stylo pour représenter le patron des différentes pièces à obtenir. Je vous conseille de toujours effectuer cette étape sur la partie du meuble qui sera la moins observable (donc l’intérieur), car il nous arrivera de nous tromper dans les mesures et de nous en rendre compte avant la découpe. On pourra ainsi simplement corriger l’erreur sur la même pièce de carton sans craindre de laisser des traces d’encre apparentes une fois notre objet terminé. 🙂

Zoom sur les tracés

À présent, il ne reste plus qu’à passer sur les traits avec le cutter pour trancher notre carton. Faites bien attention d’être sous la plaque de découpe, car il est très facile de déborder et d’entailler sa table. Je parle par expérience… 😉

Pour faire des sections droites, employez la règle en métal comme nous le ferions avec un stylo pour sous-ligner quelque chose. Une bonne pratique est de placer la règle sur le côté que vous conserverez. De cette façon, c’est dans la partie inutile qu’on « dépassera » et qu’on déchirera si notre cutter coupe mal.

Mauvaise coupe
On voit bien la trace de coupe partir vers le bas. Heureusement, c’est la partie haute qu’on conservera !

Création des pièces à coller

Je ne sais pas s’il s’agit de la meilleure façon de faire pour la conception d’une structure stable, mais encore une fois, ça fonctionne bien. Ma technique consiste à créer deux pavés creux pour les bouts des meubles, sur lesquels nous collerons les « murs ». Notez qu’il est plus simple et efficace d’effectuer ces pièces avec du carton à une seule cannelure. Il est en effet suffisamment solide et se plie bien mieux que celui en ayant deux. Commençons par sectionner la première couche du carton, puis tordons-le à l’extrême dans le sens extérieur à la coupure. Vous verrez qu’il se manipule très bien dans ce sens, mais qu’il n’est pas stable : il bouge beaucoup. Pour cela, une fois la fibre bien étirée, il faut replier le bout de l’autre côté comme le montrent les photos ci-dessous :

Pliage externe de la structure
Pliage interne de la structure

La seconde étape consiste à immortaliser le « pavé » dans cette position. Pour cela, il faut utiliser la colle vinylique et l’appliquer sur les deux faces du carton à fusionner, et maintenir le tout avec un serre-joint le temps que ça sèche. Au bout d’une dizaine de minutes, c’est prêt.:)

Collage de la structure

Vernissage interne

Il est important que le carton ne prenne pas l’humidité. Pour cela, vernir l’intérieur me semble être une bonne idée, surtout si le meuble sera dans une salle de bain ou une cuisine. À nouveau, c’est une déduction basée sur ma logique potentiellement foireuse de débutant. Je vous invite à me contacter si vous avez une réponse plus précise à ce sujet. Quoi qu’il en soit, je pars du principe qu’il vaut mieux trop que pas assez. De toute façon, j’aime bien peindre. 🙂
J’ai appliqué deux couches de vernis. La première est fine, et la seconde plus dense.

Vous noterez d’ailleurs que j’ai mis des croix sur les faces internes de mes cartons. C’est pour plus facilement identifier celles qui justement doivent être traitées durant cette étape. En effet, j’étais à deux doigts de me planter sur un essai précédent. Cette façon de procéder est donc un gage de sécurité supplémentaire qui ne coute pas grand-chose, car dans le feu de l’action, on a vite fait de se tromper. 😉

Pièces vernies

Malgré les apparences, ces pièces sont bien sèches. C’est le vernis avec le flash de l’appareil photo qui donne tellement de brillance aux objets.

Collage des pièces

Comme précédemment, j’applique une couche de colle vinylique sur chacune des deux faces que j’aimerais fixer ensemble. Je commence par mettre en place les « structures » qui garderont le meuble stable. Ces tubes ne doivent toucher le bord que dans la hauteur, car sur le côté, les autres pièces devront passer au-dessus pour plus d’esthétisme. Le résultat est visible sur la photo ci-dessous.

Collage bord sur structure

Pour le collage de la largeur du meuble, j’ai décidé de mettre des petites cales en cartons pour solidifier le montage. C’est à ça que servent les tiges très fines et longues qu’on a déjà pu voir pas mal de fois sur les photos. Notez qu’à ce moment, je n’avais que fait deux de ces pièces, alors qu’en réalité, il m’en fallait quatre. La première étape consistait à tracer un trait sur lequel les fixer. J’ai fait en sorte qu’il y ait toujours 7mm de libres entre le début de la cale et la fin des cartons constituant la profondeur, car celle-ci faisant 6mm d’épaisseur, ça me laissait 1mm de marge. Et comme je l’ai dit : il est assez simple de corriger le tir plus tard si les pièces extérieures sont plus grandes, vu qu’on peut les poncer, ce qui ne sera pas le cas si elles étaient plus courtes.

Traits calles

Ensuite, il ne reste plus qu’à appliquer la colle et le tour était joué. 🙂 Voilà une photo avec les structures et les cales :

Calles collées

Maintenant arrive l’étape la plus fastidieuse et la plus difficile de la réalisation de ce meuble… La fixation des cartons de la largeur. C’est une action délicate, car je n’ai pas trouvé de méthode fiable pour tenir cette pièce correctement sous pression pendant 1h, soit le temps nécessaire à la colle vinylique pour sécher complètement.

Collage largeur

À présent, il faut faire comme on peut pour trouver un moyen de conserver cette pièce correctement sous pression le temps nécessaire à la sèche, et espérer qu’il n’y ait pas un « relâchement » à un moment coupant ainsi le contact et empêchant la « fusion ».

Sechage de la largeur

Correction des bords

Après l’épreuve la plus difficile vient la plus salissante : le ponçage des bords pour rendre la structure homogène. C’est à ce moment que nous voyons pourquoi il est préférable d’avoir une pièce trop longue que l’inverse : dans le premier cas, il nous suffit de la poncer jusqu’à obtenir la taille adéquate, alors que si celle-ci est trop courte, il nous faut un enduit pour la rallonger. Je n’ai malheureusement pas fait ce genre d’enduit : j’en testerai probablement pour une autre création, je m’étais dit qu’il y avait déjà assez de choses nouvelles pour celle-là. :p

Il était donc temps de passer au rabotage :

Rabotage 1 avant
Avant

Rabotage 1 après
Après

Rabotage 2 avant
Avant

Rabotage 2 après
Après

Voici le genre de correction qui ne semble que réalisable avec un enduit : on voit bien que la plaque de carton est trop courte, et donc que le rabotage nous sera d’aucune utilité dans ce cas. 🙁

Correction avec enduit nécessaire

Pour illustrer le niveau de saleté que cette étape représente, j’ai pris cette photo, qui ne montre les résidus obtenus que pour le ponçage d’une seule bordure :

Saleté du ponçage

Je vous conseille donc plutôt de faire ce genre d’activité en extérieur qu’au milieu de votre salon. À moins, bien sûr, qu’il vous fallait une bonne excuse pour refaire un bon gros nettoyage intégral. 😉

Corrections générales

Malheureusement, ma précision a des limites. J’ai en effet remarqué que ma pièce est bien loin d’être droite. Les mesures ne sont pas à remettre en question, le problème vient du fait que mon pavé du bas s’était un peu tordu lors du collage, et que je n’ai pas repéré l’erreur à temps. C’est pour cela que je vous invite à rester prudent pendant la réalisation, car même si le montage est simple à faire, on ne peut pas revenir en arrière tel un appuie sur la touche « U » dans Vim : on devra assumer nos faux pas jusqu’au bout. J’ai donc procédé à une correction peu esthétique, mais acceptable dans mon cas. Dans d’autres, il faudra peut-être recommencer l’intégralité du meuble…

Correction annomalie

Kraftage des bords

Cette étape est principalement à but esthétique. Elle permet de cacher les cannelures apparentes et de masquer le changement de plaques de carton au niveau des collages. Pour cela, il est temps de sortir le papier kraft, ainsi qu’une éponge imbibée d’eau. Je vous conseille aussi de mettre une assiette sous celle-ci pour éviter d’inonder votre table.

Matériel kraft

Il faut commencer par « protéger » les coins. Pour cela, coupez un carré d’environs 5cm de côté, et faites une entaille dans la diagonale d’un bord du centre jusqu’à l’extérieur. Ensuite, posez-le sur l’éponge de telle façon à ce que la colle devienne très mouillée. Après, il ne reste qu’à le mettre sur l’angle de cette façon :

Kraft étape 1

Puis de replier les bords :

Kraft étape 2

Si vous avez un angle complexe à recouvrir, comme un « double pliage », il faut faire deux coupes diagonales opposées. Vous arriverez ainsi à ce résultat :

Kraft étape 3

Enfin, il ne reste plus qu’à recouvrir l’intégralité des arêtes du meuble. C’est une opération que je trouve assez délicate et qui peut très facilement laisser des « séquelles » visibles. Voici le résultat final obtenu :

Kraft meuble entier

Cette photo illustre également bien la raison pour laquelle il est conseillé de toujours faire les traces de coupe sur le côté du carton qui sera invisible. ^^”

Je disais que le kraftage était une étape délicate. Voici les différentes erreurs que j’ai produites et que trouve difficile à camoufler après-coup :

Erreur kraft 1 Le papier n’est pas assez tendu, du coup il se décolle et forme une bosse.
Kraft erreur 2 Mettre du kraft sur une grande distance créé beaucoup de risques de collage de ce type… Il faut une pause très vigilante pour éviter ce genre de cataclysmes. J’ai aussi l’impression que poser le kraft de façon très droite le limitait grandement.
Kraft erreur 3 Faire des angles trop compliqué avec le papier kraft fait qu’il ne collera pas complètement… Là, j’avais essayé de recouvrir la barre en carton que j’avais ajouté précédemment pour pallier mon manque d’horizontalité. Ça n’aura pas vraiment été possible.:(

Bref, tout n’est pas parfait d’un niveau esthétique, même si ça tient encore la route. Surtout si l’on ne s’attarde pas trop sur les détails.

Peinte

Je n’ai pas beaucoup de conseils à donner pour cette étape, si ce n’est qu’une couche de peinture acrylique non diluée semble suffisante pour l’opacité de la couleur. Par contre dans ce cas, il faut être vigilant au fait de passer partout. J’ai personnellement laissé à plusieurs endroits des vides m’obligeant à faire des retouches… Notez que rien ne nous empêche de rattraper le tir après-coup, même après l’application du vernis, les corrections, une fois sèches, sont invisibles à mes yeux. Attention également à bien étaler la peinture, et à peindre toujours dans un unique sens, pour avoir des « traces » rectilignes.

Erreur peinture
Attention à bien passer partout si l’on applique qu’une seule couche de peinture.

Vernissage

Enfin, il ne reste plus qu’à appliquer les deux couches de vernis, comme nous l’avons fait précédemment pour les faces intérieures. 🙂

Bilan

Meuble fini

Comme nous pouvons le constater sur les photos du meuble une fois peint, on remarque très clairement qu’il s’agit de carton. Une étape essentielle pour le rendre bien plus esthétique est probablement de rajouter un enduit lissant. De cette façon, on supprime la vue du kraft et des imperfections du carton. Après, d’un point de vue fonctionnel, l’opération reste un succès : il est très stable, solide, et supporte un poids suffisamment élevé. De ce côté, pas de problème. 😉

Pour les curieux qui se demandent à quoi me sert une pièce pareille, voici une photo de l’intégralité du meuble :

Barre de crédence

À terme, ces barres vont me permettre de doubler mon espace de séchage de la vaisselle, et de me rajouter pas mal de rangement. 🙂 Il ne me reste plus qu’à concevoir les modules à y accrocher. 😀


Credit image :